COMMISSAIRE INVITÉE : DAISY DESROSIERS
Examinant l’héritage de l’imagerie noire et la création de moments culturels à travers diverses plateformes visuelles, The Banner Waves Calmly (La bannière flotte tranquillement) est une interprétation de la relation continue de Theaster Gates avec l'archive comme matériel et du sens de sa production. La pratique de l'artiste rend compte de la nécessité de récupérer et cultiver le matériel d’archive. Par l'entremise de décisions créatives quant à leur utilisation, la pratique de l’artiste communique la formation des grands récits et affrontements systémiques menaçant la survie de ces archives. Suite à l’invitation commissariale du Centre CLARK et d'échanges avec l’artiste, ce projet de la commissaire invitée Daisy Desrosiers aborde la nomenclature des images et met en cause la notion de visibilité. Dans la lignée du processus de l’artiste, qui provoque le statut de ce qui est rendu visible, tangible et reconnu, cette production visuelle est fondée sur la conviction que les images sont résilientes de par leur capacité à (dé)couvrir de nouvelles perspectives tout en les documentant. Poursuivant une investigation continue sur la performativité du matériel — provenant notamment de publicités, de collections et d’archives — et sur sa manifestation dans le quotidien, The Banner Waves Calmly s'intéresse aux politiques de représentation et aux constructions raciales inscrites dans la culture visuelle et populaire.
- Daisy Desrosiers (traduit par Simon M. Benedict)
THEASTER GATES (artiste)
Sculpteur et urbaniste de formation, Gates, à travers sa pratique, examine et vise à combler le fossé entre l’art et la société en mettant en place des plateformes culturelles afin d’initier des changements sociaux, politiques, architecturaux et urbains. L’une des initiatives de l’artiste, Dorchester Projects, qui était à l’origine un projet artistique dans le South Side de Chicago, lui a permis de déclencher sa réflexion continue sur les notions de terre et de propriété, ainsi que diverses trajectoires formelles d’engagement artistique. Récemment, son travail a fait l’objet d’expositions individuelles au Kunstmuseum Basel, au Sprengel Museum, à Hanovre, ainsi qu’à la Fondazione Prada, à Milan. En 2018, il a reçu le Nasher Prize pour la sculpture, ainsi que le J.C. Nichols Prize pour les visionnaires en urbanisme, octroyé par le Urban Land Institute.
DAISY DESROSIERS (commissaire)
Historienne de l’art interdisciplinaire avec un parcours en commissariat indépendant, la recherche de Daisy Desrosiers s’oriente actuellement autour des enjeux culturels, postcoloniaux et matériels de l’utilisation du sucre en art contemporain. Elle est la directrice inaugurale des programmes du Lunder Institute for American Art au Colby College (Waterville, Maine, É.-U.). De 2012 à 2017, Desrosiers fut directrice de Battat Contemporary (Montréal, Canada). En 2018, elle fut la première récipiendaire de la bourse en commissariat Nicholas Fox Weber, affiliée au Glucksman Museum (Cork, Irlande) et commissaire en résidence à Art in General (Brooklyn, NY), en partenariat avec le Centre CLARK (Montréal, Canada) et le Conseil de arts de Montréal.
Pour Daisy Desrosiers, réfléchir l’archive et les questions de représentation par l’entremise de ce travail est un privilège notable, présenter le tout à Montréal l’est tout autant. Elle voudrait remercier chaleureusement toute l’équipe de Clark pour son support incroyable et sa confiance - de Brooklyn à Montréal. La commissaire tient également à remercier très sincèrement l’artiste pour sa générosité et son enthousiasme autour de cette proposition. Mention spéciale à des allié.e.s qui ont contribué.e.s, de près ou de loin, aux réflexions émanant de ces recherches : Megan Bradley, Sophie Jodoin, Jinn Lee, Joanie Lavoie, Sky Goodden, Felicia Lee, Judha Su, YuanYuan Yang, la famille Lutz ainsi que Calvin Reedy.