Patryk Stasieczek, Iterative Space (Pink Azure), 2018

Patryk Stasieczek, Iterative Space (Pink Azure), 2018

Salle 2

Patryk Stasieczek

Inverse light

EXPOSITION /
10 MAI AU 16 JUIN 2018

VERNISSAGE /
JEUDI 10 MAI, 20H

PRÉSENTATION D'ARTISTE /
SAMEDI, 12 MAI, 15H

Le travail de Patryk Stasieczek aborde comment une image se manifeste, à la fois sur le plan de sa composition formelle que de la réaction affective qu’elle suscite. Le résultat de ce questionnement est Inverse Light, une exposition qui brouille les limites entre le processus et son dénouement, et qui place les spectateurs au cœur de la production d’une image à travers sa distorsion. Inverse Light est une extension de Inverse Light and Chamber (Seattle, 2016) et poursuit le démantèlement des frontières physiques et temporelles entre le spectateur et l’image, entre l’acte de production visuelle et de ses conséquences matérielles, et entre l’espace tel qu’il est documenté et l’espace tel qu’il est vécu.

Stasieczek a utilisé les murs blancs de son atelier comme point de départ, reconstituant l’allure d’une galerie typique. Il a ensuite introduit plusieurs interventions dans l’espace : les fenêtres furent recouvertes de gélatines d’éclairage bleues, changeant la teinte de la lumière du jour; des feuilles de polyéthylène peintes à la bombe aérosol furent drapées et des objets trouvés disposés à travers l’espace; et des tubes fluorescents furent enveloppés dans des gélatines d’éclairage, baignant l’atelier d’une lumière multicolore. Stasieczek a documenté ces diverses interventions, puis trafiqué ces documentations : certaines photos furent tordues numériquement puis superposées de photogrammes en chambre noire, d’autres déformées avec une enveloppe en polyéthylène. Ces ruptures, éclairées en galerie par des lumières fluorescentes teintées par divers photogrammes, créent une autre couche de rupture. Les images communiquent entre elles à partir des diverses étapes de leur manipulation et du processus. Les couleurs de chaque image s’échappent de leurs limites respectives et débordent dans l’espace, se mélangeant les unes aux autres à travers la lumière des photogrammes. Des ossatures en bois blanches découpent l’espace, lui donnant de nouvelles formes. La galerie est transformée en documentation de l’atelier, faisant éclater le temps et l’espace afin de permettre aux spectateurs d’entrer dans l’image. En proposant une relation dynamique entre le spectateur et le processus, Stasieczek vous invite à une expérience immersive et sensuelle des images et de leur création.

La lumière qui se jette contre les murs permet à de nouvelles compositions de prendre forme. La galerie devient à la fois la documentation de l’atelier, et la caméra qui l’a documenté, reflétant la relation entre l’image et son créateur. Une autre rupture de l’image a lieu lorsque les visiteurs documentent l’exposition et diffusent leur documentation en ligne. De cette manière, Stasieczek cède son rôle d’artiste au processus collectif de création d’images.

L’atelier et la galerie sont des sites de légitimation institutionnelle; leur organisation spatiale façonne notre expérience de l’image, d’une manière qui correspond souvent aux structures de puissance dominantes. Inverse Light échappe à une lecture unique. Stasieczek ne présente pas ses images en tant qu’arguments ou produits finis, ni en tant que matériaux archivés dissociés de notre expérience sensorielle du moment présent. Le travail se prête plutôt à diverses interprétations, qui peuvent se contredire comme elles peuvent se chevaucher. Inverse Light fonctionne en tant qu’installation, en tant que performance, et en tant que réclamation queer de l’espace qui reconnaît que l’image est toujours changeante.

- Texte par Cason Sharpe (traduit par Simon M. Benedict)

 

Patryk Stasieczek (né en 1984) est un artiste visuel qui vit entre Montréal et Vancouver. Il est actuellement un membre à plein temps invité du corps professoral à l’Université Concordia, et a également été chargé de cours à l’Université d'art et de design Emily-Carr. De 2014 à 2016, il a été directeur et co-commissaire de Gallery 495 (Vancouver, C.-B.), un espace d’exposition axé sur les pratiques photographiques émergentes. Son approche interdisciplinaire redéfinit la photographie comme étant une pratique itérative et transdisciplinaire par l’entremise du commissariat, de l’éducation, de l’installation, et de sa documentation subséquente. Il a exposé à l’étranger, notamment aux États-Unis à Soil Gallery, et au Canada à la galerie Les Territoires, à la Charles H. Scott Gallery, à Eastern Bloc, à FIELD Contemporary, et à la Galerie FOFA. Sélectionné comme finaliste de la compétition de photographie émergente Flash Forward en 2017, il a aussi été nommé pour le Brink Award de la Henry Art Gallery en 2015. Son travail a également figuré en couverture du Juried Photography Issue 2014 de la revue Pipeline, à Hong-Kong. Patryk est représenté par Wil Aballe Art Projects, à Vancouver.

L'artiste aimerait spécialement remercier Simon Pierre Weiskopf pour son soutien et son amour dialogique, l'écriture de François Laruelle, la faculté, les étudiants et les employés du département de photographie de l'Université Concordia, Felicia E. Gail, Simon Belleau et le Post-Image-Lab.