CLAUDIE GAGNON - LES QUEUES DE COMÈTE

CLAUDIE GAGNON - LES QUEUES DE COMÈTE

Salle 1

Claudie Gagnon

LES QUEUES DE COMÈTE

EXPOSITION /
24 JANVIER AU 2 MARS, 2013

Véritable espace immersif, l’œuvre Les queues de comètede Claudie Gagnon, se décline en sept structures suspendues rassemblées au centre de l’espace de manière à évoquer un îlot. Des pièces de taille réduite, qualifiées de « satellites », s’y trouvent déployées. Bien que les matériaux domestiques, pauvres et triviaux qui ont fait la réputation de l’artiste soient ici encore utilisés  –  éponges à récurer métalliques, bandes élastiques, poussières, cheveux, nouilles, tubercules germés, etc.  –  ils sont plus difficiles à reconnaître. Déconstruits, étirés, désarticulés, ils flottent dans la quasi-pénombre de l’espace, que Gagnon cherche ainsi à effacer en empruntant une stratégie bien connue des planétariums : faire oublier leur contexte en réduisant au maximum les repères spatiaux des visiteurs. Les objets, situés ainsi dans une atmosphère qui rappelle celle d’une grotte ou d’un espace infini, paraissent étrangement animés d’un esprit propre, frémissant et gémissant dans leur coin. Le spectateur est invité à circuler à travers l’assemblage au-dessus duquel court un réseau complexe composé de fils. Évoquant un appareil nerveux, ils sont responsables des légers tressautements affectant les corps en suspens. Une vague rumeur émane du cortège. Pourtant, dès que l’on s’approche d’un élément individuel, il est facile d’en identifier la tonalité personnelle, qui se détache de l’ensemble pour en marquer la singularité. Des lueurs apparaissent et disparaissent au rythme des déplacements, rappelant des phénomènes naturels comme l’action des lucioles ou les lueurs des étoiles. Terne de loin, l’installation regorge de détails pour celui qui choisit de s’en approcher.

Le côté vieillot et poussiéreux des objets, les insectes naturalisés et les traces du passage mystérieux d’un individu inconnu  –  tous des indices pour le spectateur y déambulant  –  contribuent à alimenter chez ce dernier le sentiment inquiétant qu’il se trouve dans un temps figé, incertain, où quelque chose est peut-être sur le point d’advenir. Si une forme de nostalgie, voire de douce mélancolie émane généralement des œuvres de l’artiste, ici ce sentiment est moins lié à un rappel de notre propre mortalité, généré habituellement grâce à des arrêts sur image transformant des scènes de l’univers domestique en tableau hors du temps. En effet, Les queues de comète évoque plutôt une imagerie liée aux vieux laboratoires, du temps où les expériences occultes et la magie, notamment par l’entremise de l’alchimie, n’étaient pas aussi éloignées qu’aujourd’hui de ce qu’on considérait alors comme la sphère scientifique. C’est à ce que la culture populaire a retenu de ces histoires, intégrées à l’imaginaire de tous, que l’on doit l’odeur de poussière et l’impression d’obsolescence qui se dégage de l’ensemble.

Collaborateur / concepteur sonore : Frédéric Lebrasseur