IRGINIE LAGANIÈRE | POST NATURAL

IRGINIE LAGANIÈRE | POST NATURAL

Salle 2

Virginie Laganière

POST NATURAL

EXPOSITION /
20 JANVIER AU 26 FÉVRIER, 2011

Environnements « extrêmes »

CLARK inaugure sa programmation de l’année 2011 avec deux expositions qui se font écho de façon étonnante.Bunk Bed City, un environnement de Dean Baldwin, occupe la grande salle alors que Virginie Laganière présente l’installation médiatique Post Natural dans la petite salle. Entre Laganière, qui met en place une installation inspirée par le fait que la Suisse compte le plus d’abris anti-atomiques par habitant, et Baldwin, qui fait de la galerie un espace de vie évoquant les camps de vacances aux lits superposés et cuisine commune, un intérêt pour l’observation des comportements humains en cas de « situation extrême » se profile.

Virginie Laganière s’approprie la petite salle de la galerie en installant un poste de surveillance laissé à l’abandon digne de la guerre froide. Des images sont diffusées sur des moniteurs entourés d’un appareillage qui semble provenir d’une autre époque, dont on ne sait s’il est fonctionnel ou non. On y voit des bunkers suisses réinvestis par leur propriétaire, transformés en salle familiale, cave à vin ou salle d’exercice, c’est-à-dire des « architectures de la peur » recyclées en espace de vie. Ayant franchi cette première section, on découvre par la suite un paysage composé d’un lac entouré de montagnes dont émane une trame sonore hachurée, formée de commentaires recueillis dans des forums de discussion où l’on s’interroge sur la pertinence d’avoir un abri anti-atomique chez soi. Le contraste entre l’aspect bucolique – étrangement inquiétant – du paysage et le registre des conversations qui en ressort, tournant autour de la crainte des habitants prêts à faire face à toute situation, mettent en évidence le degré de responsabilité des autorités et des médias dans le maintien d’un climat qu’on pourrait qualifier de paranoïa sociale. Post Natural fait suite à une résidence de six mois effectuée par l’artiste en Suisse, durant laquelle elle est partie à la recherche d’architectures défensives datant de la Deuxième Guerre mondiale. Si les matériaux servant de base à Laganière pour créer ses environnements sont issus d’enquêtes réelles, ils sont librement agencés en galerie, donnant lieu à des spéculations imaginaires qui contribuent à faire ressortir le fait que le réel est toujours empreint de fiction et vice versa.

Jumelées, les œuvres Post Natural et Bunk Bed City nous racontent une histoire qui dépasse leur propre univers. C’est un peu comme si Bunk Bed Citydevenait un abri anti-nucléaire réinvesti par Baldwin en dortoir de camp de vacances, un lieu dont la construction est issue d’un fort sentiment d’angoisse servant maintenant de contexte aux activités loufoques imaginées par un maître d’œuvre à l’humour déjanté. Quoi qu’on s’y sente coupé du monde, les salles en béton de la galerie CLARK se prêtant bien à l’exercice puisqu’elles n’ont aucune fenêtre qui donne sur l’extérieur, un doute subsiste : ne serions-nous pas observés, voire surveillés ? 

Anne Marie St-Jean Aubre

Voir www.virginielaganiere.com 

 

Virginie Laganière vit et travaille à Montréal. Son terrain de réflexion œuvre sur les technologies de perception [médias], la sociopolitique, la psyché humaine et les espaces construits au sein d'installations. Celles-ci sont composées d'éléments sculpturaux, de son, d'éclairage et de la vidéo avec une affection particulière pour l'élaboration d'environnements in-situ. Au-delà de la relation contextuelle avec le lieu de présentation, son travail aux accents caustiques incorpore la fiction et le documentaire issus d'interviews sur le terrain. Elle présentera à CLARK un projet découlant de sa résidence à au studio du CALQ à Bâle, en Suisse.

Virginie Laganière remercie le CALQ, Christoph Merian Stiftung (IAAB), Yannic Bartolozzi, Ruth Walther, Giovanni Polito, Mélissa Bourgault, Les Reines Prochaines (Barbara Naegelin), Jean-Maxime Dufresne, Caroline Dionne, Olga Cantón (Espace Doll, Lausanne) et Thalia Giguère.