Pil and Galia Kollectiv, Progress Report from the Strategic Sanctuary for the Destruction of Free Will, 2016, installation view. Courtesy the artist and Pump House Gallery. Photo: Eoin Carey

Pil and Galia Kollectiv, Progress Report from the Strategic Sanctuary for the Destruction of Free Will, 2016, installation view. Courtesy the artist and Pump House Gallery. Photo: Eoin Carey

Salle 1

Pil and Galia Kollectiv

Second annual report from the strategic sanctuary for the destruction of free will

EXPOSITION /
10 MAI AU 16 JUIN 2018

VERNISSAGE + PERFORMANCE /
JEUDI 10 MAI, 20H

PRÉSENTATION D'ARTISTE /
SAMEDI, 12 MAI, 15H

« Pourquoi ne pas faire un peu d’exercice… Quelqu’un voudrait se porter volontaire ? »

--Voix masquée tirée de la performance dans Second Annual Report from the Strategic Sanctuary for the Destruction of Free Will(2018)
 

Dans ses réflexions sur l’architecture, Le Corbusier observe comment avec le temps, les choses se transforment en formes primaires. Comme les ruines grecques, toute grande chose se trouve éventuellement réduite à un arrangement simple et formel : « Je crois que l’horizontalité du toujours même horizon et surtout, en plein midi, l’uniformité imposante des matériaux perçus, installent en chacun la mesure la plus humainement perceptible de l’absolu. » Une enquête sur la manière dont nous percevons le monde qui nous entoure, surtout les structures de pouvoir qui nous lient, est le point de départ pour Second Annual Report from the Strategic Sanctuary for the Destruction of the Free Will de Pil and Galia Kollectiv. Dans cette installation in situ du duo londonien, nous sommes plongés dans un monde ineffable, blanc et total où l’expression de soi est en conflit avec les systèmes de réglementation prédominants.

Strategic Sanctuary nous met face à un espace blanc, sans horizon. Des indices quant au lieu ou à l’époque où nous nous trouvons procurent à la fois un effet de confort et un sentiment d’inquiétante possibilité. Cette pièce en carton de style Bauhaus pourrait être une cellule de prison, un sanctuaire monastique, ou une salle de thérapie capitonnée. Sa blancheur uniforme est interrompue par des bandes de ruban adhésif noir. De longues lignes noires décrivent des charnières de murs et de grands triangles. Elles restreignent la forme, mais nous attirent également vers des horizons insaisissables. Le titre de l’installation est dérivé de SYNANON : STRATEGIC SANCTUARIES FOR THE DESTRUCTION OF FREE WILL, un pamphlet des années 1950 écrit en opposition à Synanon, un culte dérivé des AA dont le mandat était d’arrêter la consommation d’alcool en remplaçant la substance par le LSD. L’espace même semble dresser un parallèle entre les dispositifs de contrôle et de réglementation étatique, et l’idée d’expression personnelle et de libération spirituelle. Une pièce audio basée sur une séance de thérapie de groupe trouvée sur YouTube procure une trame sonore inquiétante. Doit-on s’attendre à une désintox, une absolution ou à un rituel extatique?

Le chaos demeure-t-il chaotique si l’on parvient à le contenir? On peut être pour ou contre la surveillance de notre bien-être et de notre aptitude à travailler, à la normalité, et à être complice d’un tout, mais il est impossible d’ignorer à quel point nous nous exprimons librement lorsque masqués. Ou comment nous pouvons si facilement adopter les gestes surréels et la choréologie de l’exaltation sectaire, des performances de musique heavy metal, et des confessions de thérapies de groupes. Strategic Sanctuary nous demande de lâcher prise et de faire preuve d’empathie. Dans cette logique de détention volontaire, où la production excessive de subjectivité (ou de partage) peut donner l’impression d’être sous l’effet de drogues psychédéliques, d’un sentiment collectif de justice commune, et d’une ferveur d’appartenir égalisatrice qui a la capacité de nous mener, volontairement, au culte, nous questionnons la manière dont de telles expériences sont construites.

—Alisha Piercy (traduction par Simon Benedict)

 

Pil and Galia Kollectiv est une collaboration entre des artistes, écrivains et commissaires. Le travail du collectif aborde le legs du modernisme et la relation entre l’art et la politique. Leur groupe de musique, WE, élargit leurs questionnements autour de la construction de l’individualité et de la collectivité. Pil and Galia Kollectiv a eu des expositions solo à Naughton Gallery (Belfast), Pump House Gallery (Londres), Te Tuhi Center for the Arts (Nouvelle-Zélande) et The Showroom Gallery (Londres). Le collectif a également présenté des œuvres en direct au Stedelijk Museum (Amsterdam), à la 5e Biennale de Montréal et à Kunsthall Oslo. Les membres sont également directrices et directeurs de l’espace à projets d’artistes autogéré xero, kline & coma, et enseignent à la Fine Art University of Reading, au Royal College of Art et à la CASS School of Art.

Les artistes aimeraient remercier Victor M. Jakeman, Rosie Ridgway, University of Reading, Royal College of Art, le CASS School of Art, Mingo L'Indien et Dominique Pétrin.