DOMINIQUE SIROIS | U CAN'T TOUCH THIS

DOMINIQUE SIROIS | U CAN'T TOUCH THIS

Salle 2

Dominique Sirois

U CAN'T TOUCH THIS

EXPOSITION /
15 OCTOBRE AU 21 NOVEMBRE, 2009

Le Musée des beaux-arts de Montréal a récemment ouvert une salle permanente consacrée à Napoléon Bonaparte. Y sont exhibés des objets luxueux, révélant l’environnement riche et fastueux dans lequel vécut l’empereur ou par lesquels sa gloire fut commémorée. Le récent projet de Dominique Sirois prend source dans ce cadre muséal, lequel est aussi un milieu de travail pour l’artiste lorsqu’elle y occupe la fonction de gardienne de sécurité. L’installation U Can’t Touch This propose un décor pouvant rappeler à plusieurs égards une salle d’exposition classique présentant des objets précieux, exotiques, symboliques, fruits des mainmises de la colonisation. Pourtant, que ce soit dans la matière, la forme ou le symbole, chaque détail participe d’une simulation, contredisant les goûts classiques et dédoublant l’ensemble des codes représentés. C’est ainsi que s’insère ici, contre toute attente, l’univers de la musique rap de la fin des années 1980. Les chaînes en or, le miroir, le plancher de danse, les accessoires clinquants côtoient librement l’archéologie pharaonique et les socles de marbre. Au centre de cette atmosphère métissée se pose la question de la valeur, celle des œuvres de collection, des matériaux précieux, mais aussi les mérites que l’on accorde à certains objets culturels, dont la gloire est parfois éphémère. La présence de laminés trouvés dans des brocantes souligne de manière significative ce phénomène de mode passagère; tout comme les succès musicaux d'une période révolue, ces objets sont aujourd'hui rejetés, voire oubliés. 

Si la notion de propriété privée est sous-jacente à l’ensemble de l’installation, elle se révèle de façon plus directe dans son cadre sonore. De fait, à l’approche de certaines sculptures, une alarme retentit, à la manière des signaux d’infraction dans les musées. Ici, le rythme redondant laisse toutefois deviner des chansons autrefois très populaires, dont le célèbre « U can’t touch this » de MC Hammer. La restriction des gestes qu’impose cette mesure de surveillance contraste avec la nature divertissante de la musique, brouillant une fois de plus la fonction des objets, mais aussi celle de leur cadre de présentation. Dominique Sirois engage de cette façon une réflexion étendue sur le processus et les a priori de la mise en exposition.

A.S.