LAURENT MONTARON | WILL THERE BE A SEA BATTLE TOMORROW?, 2008

LAURENT MONTARON | WILL THERE BE A SEA BATTLE TOMORROW?, 2008

Salle 1

Laurent Montaron

WILL THERE BE A SEA BATTLE TOMORROW?, 2008

EXPOSITION /
14 JANVIER AU 20 FÉVRIER, 2010

Aussi loin que je puisse m'en souvenir, j'ai toujours eu le sentiment que nous n'avions peut-être fait que dormir des milliards d'années. Je m'interroge encore sur le rêve qui m'a éveillée : comment cette longue nuit s'est-elle interrompue ?

Puisque nous n'avons rien décidé de ce choix laissé au hasard, il semble que notre réveil devait arriver, un jour ou l'autre.

Nous envisageons le temps comme une rivière qui s'écoule, plus qu'il ne permet aux choses d'advenir. Si nous nous tenions ici pour un temps infini, tout ce qui devrait arriver arriverait.

Si cet ordre d'apparition est déterminé alors nous pouvons dire que c'est la destinée. N'est-ce pas ce en quoi nous voudrions croire plutôt que d'être laissé seul dans la nuit ?

Le cours de la rivière ne connaît pas de borne ; il crée son propre lit.

La vérité ne devient relative qu'au regard de ce qui arrive.

Y-aura t'il une bataille navale demain?

Laurent Montaron

Laurent Montaron traite l’image (photographique, filmique) et ses codes de représentation, pour explorer la relation possible de l’image avec le récit et avec le temps. Il interroge par exemple les conjonctions de l’image et du son ou celles de l’image et du langage. Le rapport de l’artiste au cinéma se traduit notamment par son intérêt pour le processus d’enregistrement, voire par une recherche de spatialisation ou de réverbération de celui-ci, et par une mise en mouvement subtile de l’image, aussi fixe soit-elle. Ainsi, l’attention portée à la notion de parcours et à la conception de dispositifs est centrale dans son travail.

Laurent Montaron sonde dans ses oeuvres l’expérience du temps et de la mémoire, à travers les images de la psyché, les phénomènes de projections ou de prédictions. L’évocation des facultés extra-sensorielles de l’individu, des questions liées au destin ou à une possible « clairvoyance », confèrent aux recherches de Laurent Montaron la force d’un art de la suggestion. Sur le mode du noeud borroméen de Lacan, le travail de Laurent Montaron cristallise l’articulation du réel, du symbolique et de l’imaginaire. 

Laurent Montaron vit et travaille à Paris.

Sources: galerie schleicher+lange, Paris

Will there be a sea battle tomorrow? (2008) est un film qui retrace le déroulement d’une expérience sur l’étude des facultés extra-sensorielles de l’individu. Il s’inspire de recherches menées par différents instituts, comme l’institut de parapsychologie de Freiburg (Allemagne) qui employait une machine appelée le « Psi-recorder ». Ce générateur de hasard est par exemple utilisé dans des expériences de clairvoyance, de télépathie et de précognition. Ici, une femme, guidée par la voix d’un scientifique, tente de deviner lequel parmi cinq symboles sera tiré au sort par la machine située dans une pièce voisine. Le titre du film est une question de logique posée dans la Grèce antique par Diodorus Cronus (thématisée sous le nom de l’argument dominateur), puis par Aristote, qui amène à la formulation des « futurs contingents » : la proposition ne pouvant pas trouver de réponse affirmée (le prédicat serait vrai ou faux, selon que l’événement serait nécessaire ou impossible), elle engendre plutôt des hypothèses alternatives dépendant à la fois d’informations manquantes et du hasard. Laurent Montaron s’intéresse ici au statut ontologique du futur : le futur est-il écrit? Y a-t-il des principes de causalité permettant de régir le monde et son devenir? Comment les fondements de la logique et la pensée philosophique s’emparent-ils du concept de vérité ? Quels sont les rapports qu’entretient la science avec la croyance?